Les perles de

Veermer



Les toiles de Vermeer ont inspiré bien des auteurs et Proust fait mourir son romancier Bergotte devant la «  Vue de Delft  », fasciné par un «  petit pan de mur jaune sous un auvent  » devenu presque aussi célèbre qu'une certaine madeleine.

Plus récemment, la romancière américaine Tracy Chevalier s'est particulièrement intéressée au tableau intitulé «  La jeune fille à la perle  ». La romancière nous emmène à Delft en 1664, lorsque Vermeer engage une jeune servante, Griet, pour s'occuper de sa nombreuse famille : son épouse, sa belle-mère, ses six enfants... Peu à peu fasciné par la douceur et la sensibilité de la jeune fille, Vermeer l'introduit dans son atelier, dans son art… Une étrange complicité les unit et elle finit par poser pour lui. Mais cette entente n'est pas sans susciter de perfides jalousies dans cette ville bourgeoise et commerçante.

Au sujet de ce roman (écrit à la première personne du point de vue de Griet), Dominique Bona écrivait : « Le roman de Tracy Chevalier, intime et frémissant, joue avec les silences, avec les regards qui en disent plus long que les discours. Sous la jolie couverture bleue du livre, on plonge dans le siècle de Vermeer, dans les Flandres austères et sensuelles et, tout le temps de la lecture, on ne voit plus le monde que par les yeux de Griet, la servante à la perle volée, qui jamais ne prononce un mot d'amour mais qui se donne toute au regard de celui qui l'a peinte et sans doute désirée. »

Gustaw Herling, auteur polonais né en 1919 et installé près de Paris, a titré son journal des années 1986-1992, « Les perles de Vermeer ». Il y consacre une douzaine de pages du mois de mars 1991 au peintre hollandais (d'autres concernent Rembrandt ou Le Caravage ) où il développe une interprétation très personnelle de la présence de perles dans plusieurs toiles : «  je me suis imaginé que Vermeer était fasciné par le mystère de la naissance et de la croissance – une croissance très lente, presque statique – d'une perle. Elle grossit et mûrit pendant des années dans la coquille autour d'un noyau grand comme un grain de sable, à une vitesse qu'il est permis d'appeler temps arrêté. Et, comme je l'ai déjà mentionné à plusieurs reprises, le temps arrêté constitue l'esprit de l'œuvre de Vermeer. J'aimerais croire que si Vermeer a disséminé dans ses tableaux tant de perles, c'est pour rendre sensible – à lui-même seulement ? ou aux autres aussi ? – comment elles naissaient dans l'imagination, dans l'œil et dans l'intelligence de l'artiste. Chacun de ses tableaux est une perle. Vue de Delft est la plus grosse et la plus belle de toutes. »



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